Le langage des signes

Vous avez sûrement remarqué, mais l'auteur ne parle pas en pages, mais en signes. Si on lui demande la taille de son livre, il ne va pas répondre 150 pages mais 150000 signes.
Les éditeurs sont aussi friands de signes et si on veut qu'un de nos récits soit publié dans telle ou telle collection, il faut qu'il respecte le nombre de signes imposés.
On peut prendre ça comme un formatage ou au contraire comme une contrainte d'écriture enrichissante. Personnellement, c'est la 2ème option qui me motive. Je n'écris pas pareil quand j'écris un récit de 14000 signes ou un roman de 150000 signes.
Les signes, c'est un peu une contrainte à l'Oulipo, vous savez ces écrivains qui se donnaient des contraintes comme le fait de ne pas utiliser de "e" ou commencer chaque nouvelle phrase dans l'ordre des lettres de l'alphabet (la 1ère phrase commence par un A, la suivante un B etc.)
Tout ça pour dire qu'écrire en respectant ces fameux signes, c'est hyper motivant. Non?

Dommage qu'ils ne précisent pas tous d'emblée quel est le nombre de signes souhaité!

Ils sont quand même assez nombreux à le faire. C'est dans leur intérêt.

Écrire dans l'optique d'un nombre de signes ne nuit-il pas à ta spontanéité? ou à tes envies?

Non, c'est vraiment une contrainte comme une autre et je suis un fervent adepte des contraintes, en écriture. Ca oblige à faire un travail approfondi sur sa propre écriture.
Tu ne racontes pas de la même façon une histoire selon le nombre de signes. Je crois que c'est Dino Buzzati, dans "K", qui écrivait dans une de ses nouvelles la même histoire mais de plus en plus court.
Ca permet de travailler son style.

Oui mais au départ, il l'a écrite comme il la pensait et ensuite il en a fait un exercice de style!
Si tu as plus de plaisir que de frustration, c'est l'essentiel...Je n'ai jamais essayer mais il me semble que l'élan créatif serait contrarié A voir!
Selon ton expérience, est-ce plus facile de réduire ou au contraire d'allonger?
C'est-à-dire dans le cas ou tu n'écris pas directement en contrainte...

C'est compliqué dans les deux sens. Quand tu allonges un texte, c'est rarement de petits changements et du coup ça t'oblige à modifier ton texte en profondeur.
Et raccourcir, ça dépend de combien. C'est justement ce que je suis en train de faire. L'éditeur me demande de préciser les sentiments de mon héroïne et certaines actions, tout en gardant le même nombre de signes.
Pour y arriver, je vais devoir travailler le vocabulaire, utiliser des mots plus courts, supprimer certaines phrases qui ne sont pas essentielles à l'histoire.

Effectivement, la proportion des modifications me semble un facteur important si tu veux préserver la substantifique moelle du texte!
Si je comprends bien, tu dois gagner et précision et en efficacité?! Ca sent le défi!

Oui! Mais je n'ai pas de délai alors j'y vais tranquille. No stress.

C'est plus cool sans délai...cela laisse le temps d'être réellement satisfait du résultat...

Oui, mais le top, c'est quand Celui d'en Haut est satisfait aussi!

Certes, mais peut-il l'être si tu ne l'es pas toi-même?

Bah, de toute façon je n'envoie que quand je suis à peu près satisfait de moi.

A peu près seulement???

Je ne suis jamais complètement satisfait. Je trouve toujours quelque chose à corriger. A un moment donné, il faut être capable d'accepter d'envoyer un texte imparfait.

Serais-tu à la fois perfectionniste et philosophe?
Il me semble qu'on peut toujours faire quelques compromis sur les détails mais que la conviction intime que la mayo est prise doit être atteinte!

C'est sûr, mais on peut toujours ameliorer un texte. Alors il faut choisir de l'envoyer a un moment ou a un autre.

Couper le cordon, lâcher prise, sauter dans le vide, let go...

Tu peux rajouter: oser être lu par un professionnel.

Ce qui m'amène à ces questions...Qui sont-ils? comment sont-ils recrutés? Combien sont-ils? Comment procèdent-ils?..."ils"... ces lecteurs du comité qui parcourent les lignes envoyées?

Je crois qu'il y a un post là-dessus sur le forum, mais pour les publications adultes. Pour les éditeurs jeunesse, je pense que ça dépend de la taille de la structure.
Dans certains cas, je pense que même les commerciaux ont leur mot à dire (notamment dans le cas des magazines).
En ce qui me concerne, je sais qu'il y a au moins l'éditeur qui lit mes textes mais combien sont-ils dans le comité, je ne sais pas exactement.

Les commerciaux? Pour savoir si c'est vendable?

Sûrement. Ils sont au contact du public. Mais je pense que c'est marginal.

J'espère! Car les "âmes" peuvent elles s'élever à coup de marketing?

Le livre n'est qu'un produit, non?

NON!!!!!!!!!

A côté du rayon "lessives" dans un supermarché...

Pas ou plus rentable? pas de réimpression et dans le pire des cas: au pilon. Elle est pas belle la vie?

J'aime pas ta vision trop réaliste des choses. Laisse moi croire encore que les pages d'un livre sont autant de pistes d'envol vers un petit supplément d'âme...quelque chose de précieux!!!

Je suis très vilain!

Tu réciteras deux ave maria et quatre pater nostrum!

Et tu mettras en route une lessive....

Tiens tiens, un nouvel avatar!

Toujours plus en chair que le tien !

C'est facile de se moquer!

C'est vrai!
En fait, j'ai autour de moi plein de jeunes talents en herbe ...
et toi d'où proviennent tes multiples avatars (même griffe...)

Ce sont des dessins extraits de mes différentes publications.

Attention, ces indices risquent de mener certains à ton identité...Cela peut aller vite tu sais!

Il n'y a pas grand risque qu'on reconnaisse un vieux sac d'os!

C'est sous-estimer les progrès de la police scientifique!

Je ne crains pas les ex-pères.

Tu dois savoir que c'est parfois un excès de confiance qui conduit à baisser la garde...

Même pas peur!

toujoursinvit a écrit:Ce sont des dessins extraits de mes différentes publications.

héhéhé, forcément, ça titille nos âmes de Poirot herculéen en herbe...

hélas, je n'ai trouvé qu'un truc vaguement approchant

==> http://www.amazon.fr/Les-Bizardos-Janet-Ahlberg/dp/207054821X

ça ressemble, de loin.... très loin...

je connais. c'est une histoire sympa; "so british".
Mais pour trouver des infos sur internet, mon cher Nain, il faut qu'elles soient sur... internet.

oui, je m'en doutais un peu. Et si j'avais vraiment cru tomber sur le bon bouquin, je n'aurais rien dit, je respecte ta volonté de garder l'anonymat, tel Zorro ou Batman, au choix selon tes goûts

Je reconnais là ta grandeur d'âme.

Le p'tit barbu est sur ta piste...
L'étau se resserre...

Les Nains du Territoire du nord ne revelent aucun secret.